Friday, July 26, 2024
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Les premières victims de l’aliéntation, ce sont les enfants

CAPQ
Communiqué
QUEBEC Le 19 oct. 2019 
Le 19 octobre dernier se tenait une journée conférences et ateliers sur le thème de l’aliénation parentale (AP) réunissant plus de . . .

250 intervenants psychojuridiques (organismes familles, travailleurs sociaux, psychologues, avocats, juges) et membres de familles touchées par des dynamiques d’AP. 
Il s’agissait d’une première au Québec : tous les acteurs appelés à intervenir dans un dossier d’aliénation parentale réunis sous un même toit. 
L’événement était piloté par l’organisme Carrefour aliénation parentale (CAP) et rendu possible grâce à l’appui financier du ministère de la Justice et de la collaboration de précieux partenaires : l’Association Internationale Francophone des Intervenants auprès des familles séparées (AIFI), le Regroupement des familles monoparentales et recomposées de Laval (RFMRL) et Justice Pro Bono.
C’est avec beaucoup d’étonnement et d’inquiétude que nous avons pris connaissance de la lettre d’opinion de monsieur Lapierre, professeur titulaire à l’Université d’Ottawa, visant à discréditer l’événement et à nier l’existence du phénomène de l’aliénation parentale (AP).
Permettez-nous de rectifier quelques faits.
L’aliénation parentale (AP) n’est pas un phénomène controversé. L’AP est largement documenté par les experts (ici même au Québec et à l’International) et représente une violence psychologique envers les enfants. Ce qui est controversé, ce sont les positions du psychiatre qui a donné le nom au Syndrome, il y a plus de 40 ans. La recherche a considérablement évolué depuis et les chercheurs et cliniciens en quête de solutions ne s’attardent pas au SAP (syndrome de l’aliénation parentale), mais bien au spectre de l’AP (aliénation parentale).
L’AP se manifeste et s’opère de manière parfois inconsciente, souvent de manière volontaire, cherchant ainsi à exclure à divers degré l’autre parent de la vie de ses enfants. Le spectre de l’aliénation parentale va de léger à sévère, du risque de perte de lien à la rupture de lien. 
Par exemple, un parent dont l’identité sociale s’est construite sur sa réalité familiale peut chercher (consciemment ou inconsciemment) à éloigner l’autre parent afin de protéger sa relation fusionnelle avec son enfant suite à une séparation ; un parent qui a refait sa vie avec un nouveau conjoint peut chercher à exclure l’autre parent afin de limiter la gestion des horaires et des compromis. Un parent peut aussi chercher à se venger suite à une rupture en dénigrant et sabotant la relation entre ses enfants et l’autre parent. Les cas de figure sont aussi nombreux que complexes.
Contrairement à ce qui est avancé dans le texte de monsieur Lapierre, l’AP ne se résume pas à son instrumentalisation en situation de violence conjugale et post-conjugale.
Il est par ailleurs important de comprendre que l’aliénation parentale ne connait pas de genre (elle origine autant des hommes que des femmes) ni de statut socioéconomique.
Dans son texte, monsieur Lapierre dénonce à juste titre l’instrumentalisation de l’AP. Là où nous croyons que monsieur Lapierre va trop loin, c’est lorsqu’il demande à ce que l’AP ne soit pas reconnue et qu’elle soit exclue des textes de loi.
Or, tous les experts s’entendent sur ce point : la réponse à l’aliénation parentale est psychojuridique et commande le travail concerté d’une cellule multidisciplinaire.
Ce qui se trouve par ailleurs dans l’angle mort de monsieur Lapierre, c’est qu’il invalide la parole de nombreuses victimes, dont celles des femmes. Nous avons, au cours des deux dernières années, recueilli plus de 1000 témoignages, dont des centaines de témoignages de femmes qui ont dénoncé l’aliénation parentale de leurs ex-conjoints et qui se sont vues être traitées de folles (sic) et hystériques (re-sic) à défaut de comprendre les dynamiques en jeu. 
Il est important de comprendre que l’aliénation parentale est une violence psychologique envers les enfants et qu’elle menace leur intégrité, leur sécurité et leur développement. Les séquelles et l’héritage de l’AP, comme nous avons pu le constater lors de l’événement du 19 octobre dernier, sont extraordinairement lourds de conséquences (troubles mentaux, troubles alimentaires, dépression, tentative de suicide, etc.). 
Peut-être cela a-t-il échappé à monsieur Lapierre, mais nous poursuivons les mêmes objectifs et menons le même combat. Car les premières victimes de l’instrumentalisation de l’aliénation parentale (ce qu’il dénonce) et de l’aliénation parentale sont les mêmes : les enfants. 
Il est par ailleurs faux de dire que les experts qui se prononcent sur l’aliénation parentale occultent la réalité des violences post-conjugales. 
Cette réalité (ainsi que d’autres) n’a pas été approfondie lors de l’événement (qui ne durait qu’une seule journée et mettait l’emphase sur les enfants), mais elle fait partie de la littérature et du champ d’études des experts.
Nous souhaitons collectivement assurer la sécurité des femmes en situation de violence post-conjugale. Alors, participons à la connaissance, à l’éducation, pas à l’ignorance des dynamiques en jeu.Sensibilisons la population et enrayons le phénomène en commençant par empêcher son instrumentalisation.
Le CAP guide les familles aux prises avec des problématiques d’AP : mères, pères, grands-parents, nouveaux conjoints et enfants aliénés. Et il est évident que la solution aux problèmes qui découlent des dynamiques d’AP ne se trouve pas dans la censure, mais plutôt dans l’ouverture, la formation des organismes communautaires, des intervenants sociaux, des psychologues, des avocats et des juges. 
À ne pas vouloir les nommer, nous restons sur la ligne de touche à regarder les violences se répéter, un cercle vicieux que les experts présents à l’événement cherchaient activement et courageusement à combattre. 
Vous trouverez toutes les nuances entourant les dynamiques d’aliénation parentale sur le site web : www.alienationparentale.ca